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DECRYPTAGES

Jean-Jacques Muyembe, le chasseur de virus

Avant de contracter lui-même le coronavirus en juin 2021, le docteur Jean-Jacques Muyembe Tamfum Coordonnateur du secrétariat technique de la riposte contre la Covid19 en République Démocratique du Congo, a accordé un entretien à Opt1mum Magaine. Avec lui, il était question de faire le point sur l'an 1 de la riposte contre la crise sanitaire.


Celui que l’on surnomme le « chasseur de virus » pour avoir vaincu à plusieurs reprises la flambée d’Ebola réussira-t-il à dompter la Covid-19 ? Rien n’est perdu, a-t-il expliqué. Pour ce fils d’agriculteur, le pays a mis en place des stratégies payantes lors des vagues précédentes. Quant au vaccin, il reste un allié de taille dans la lutte contre le virus, a-t-il martelé. Totalement guéri après une brève hospitalisation à Monkole, Jean-Jacques Muyembe a repris du service le 3 juillet 2021.


Optimum : En mars 2021 la RDC a totalisé une année depuis la détection du 1er cas positif de Covid-19. Que retenez-vous comme principales leçons l’an 1 de la lutte contre un virus très meurtrier ? 
Jean-Jacques Muyembe : Quand nous faisons une petite rétrospective, on pensait d’abord que la Covid-19 tuerait la RDC. Avec notre infrastructure médicale très faible, on s’attendait à une hécatombe. Finalement, toutes ces prédilections sont tombées à l’eau. Au contraire, nous avons bien résisté et nous nous retrouvons parmi les pays qui ont mis en place une bonne riposte contre la pandémie de Covid-19. Avec l’expérience acquise dans la lutte contre la maladie à virus Ebola, nous étions mieux préparés pour faire face à cette maladie virale. La deuxième leçon est le niveau d’engagement politique. 


O : Quelles sont vos suggestions pour améliorer le travail des équipes d’intervention en première ligne ?  


J-J.M : À l’ avenir, il y aura d’autres pandémies. Et certaines d’entre elles seront plus dangereuses que la Covid-19. Pour y faire face, il faut préparer la population et renforcer le système de santé. En d’autres termes, il nous faut des ressources humaines adéquates, des infrastructures, de la logistique, etc. Dans nos écoles de médecine et techniques médicales, il faut dispenser un programme qui va nous aider à préparer les prochaines pandémies.  


O : A un moment, vous étiez très attaché au dépistage de masse pour la RDC. Quelle est la capacité actuelle des tests par jour et comment améliorer le dépistage dans les provinces et surtout dans les zones en proie à des conflits armés ?  


J-J.M : Le dépistage de masse a été un souhait, mais il est difficile à réaliser. En effet, il nous fallait des infrastructures de bonne qualité qui n’existaient presque pas. Il y avait aussi beaucoup de problèmes au niveau des ressources humaines. Au départ, nous avons fait un dépistage massif au stade des Martyrs. Malheureusement, très peu de gens ont répondu à notre appel. Il y en avait environ 80.000 alors que nous attendions plus. Avec des tests diagnostiques rapides validés par l’OMS, nous pouvons augmenter sensiblement notre capacité. Nous avons mis l’accent sur les provinces chaudes, telles que le Kongo-Central, et les provinces en conflit, comme le Nord-Kivu. Nous avons installé un laboratoire INRB à Goma qui fait le dépistage pour les voyageurs au niveau de l’aéroport et de la petite barrière.

En effet, nous avons eu besoin d’un engagement politique fort pour faire face au coronavirus. Il faut saluer l’implication directe du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, et du Premier ministre, Sama Lukonde, qui dirige la riposte. Par ailleurs, l’engagement de la population est un élément important dans cette riposte. Toutefois, nous n’avons pas réussi à entraîner toute la population. En définitive, les douze mois de lutte contre le coronavirus ont permis d’accumuler une grande expérience pour arriver aujourd’hui à mieux contrôler la Covid-19 dans notre pays. 


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La rédaction
ARTICLE EXTRAIT DE OPTIMUM NUMERO 24
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