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GRANDES ENTREVUES

Alain Kaninda : L’honorabilité des acteurs est un critère majeur

Depuis 2015, la République démocratique du Congo a procédé à la libéralisation du secteur des assurances. A fin octobre, le marché local a enregistré l’arrivée de 4 nouvelles sociétés d’assurances, de l’opérateur historique, la SONAS, contraint de s’adapter au nouveau contexte et de 4 sociétés de courtage. Dans un entretien accordé à Opt1mum magazine, le directeur général de l’Autorité de régulation et contrôle des assurances (ARCA), Alain Kaninda, fait le point sur cette importante réforme et les effets attendus tant dans l’immédiat qu’à plus long terme. L’ARCA table sur des niveaux prévisionnels de 1 à 5 milliards de dollars américains US au cours des prochaines années.


Opt1mum : Il y a eu plusieurs grandes étapes dans la libéralisation du secteur des assurances en République démocratique du Congo. Le cadre juridique et institutionnel est-il totalement établi ?

Alain Kaninda : En y allant par ordre chronologique, je parlerai d’abord de la promulgation de la Loi 15/005 du 17 mars 2015 portant Code des assurances, qui est à la fois un aboutissement et un déclencheur. En effet, il a fixé les nouvelles règles du jeu. Ensuite, il y a le Décret 16/001 du 26 Janvier 2016 qui a institué l’ARCA, le pilote de cette réforme et l’arbitre du marché. Cette réforme a mis fin à 53 ans de monopole. Le reste des grandes étapes franchies est davantage d’ordre opérationnel. Je peux citer par exemple la mise en place de l’institution et la mobilisation et la formation de ses ressources humaines. Il faut des interlocuteurs de qualité pour les opérateurs potentiels. L’autre grand travail est d’ordre réglementaire, et le tout a conduit à un aboutissement, dont l’octroi des 4 premiers agréments et 2 premières autorisations annoncées le 28 Mars 2019. Cet aboutissement est un déclencheur, car le marché véritablement libéralisé devient une réalité dans le pays. En chiffres, le marché congolais des assurances compte à fin octobre 2019 : 4 nouvelles sociétés d’assurances, un opérateur public, en l’occurrence la SONAS, contrainte d’entrer dans un processus de mise en conformité, et 4 sociétés de courtage d’assurance. Toutefois, le nombre d’acteurs devrait augmenter d’ici la fin 2019. Entretemps, le cadre juridique et institutionnel est loin d’être totalement établi. L’ARCA a initié plus d’une vingtaine de décrets, arrêtés et règlements pour développer les éléments d’accompagnement. Nous sommes les principaux animateurs du marché des assurances, et l’évolution du Code tient de notre responsabilité. Le chantier de la micro Assurance par exemple n’est encore qu’à ses débuts.


O : Qu’est-ce qui va changer concrètement dans les habitudes quotidiennes des Congolais et le fonctionnement normal des entreprises ?

 A.K. : Cette question me permet de clarifier davantage les objectifs de la loi et de la réforme. Dans notre travail, nous poursuivons principalement 2 indicateurs. Il s’agit, d’une part, de donner des moyens financiers importants au pays pour son développement économique et, d’autre part, d’apporter une protection sociale au niveau des populations. En se référant justement à ces 2 volets, nous avons déjà un début de réponse à votre question. En effet, au niveau de la mobilisation des moyens financiers, le secteur des assurances va apporter une épargne solide au pays. On pourra mettre des moyens financiers nécessaires à la disposition du pays pour financer l’économie nationale et les entreprises. Au-delà, les investisseurs ont la possibilité de mettre sur pied des projets rentables. Nous allons travailler directement avec les banques parce que les ressources sont à la disposition des institutions bancaires. Elles pourront ainsi faire des crédits à plus long terme et à des taux beaucoup plus accessibles. Cette situation va impacter positivement. A l’instar des entrepreneurs d’autres pays, nos entrepreneurs pourront également avoir un accès direct au financement de leurs entreprises. Pour l’État, pris de manière globale, il peut disposer des moyens substantiels et supplémentaires pour financer le développement du pays par le biais des projets d’infrastructures et de construction. Pour le volet de la population, et c’est une priorité dans notre travail, nous travaillons au développement des assurances inclusives. En d’autres termes, il s’agit des produits adaptés aux populations qui ont des bas revenus. La finalité de la protection sociale est d’avoir des couvertures sociales ou d’accéder à des assurances maladies. Si vous ne sortez pas de l’argent pour vous soigner, il sera possible d’utiliser les cartes qui vous permettent, en tant qu’assurés, d’accéder aux soins à des prix plus adaptés. Même dans les aspects de micro-assurance, les mamans qui ont accès à des micro-crédits et des micro-assurances pourront y accéder à des meilleures conditions.


Elles auront accès à des couvertures qui donnent plus de confort aux opérateurs et institutions financières. Prenant le secteur de l’agriculture, il n’est pas financé du tout ou presque pas par les institutions financières. Le secteur comporte beaucoup de risques. Quand vous parlez d’assurance, vous parlez également de risques. Il y a ainsi la possibilité de développer des produits d’assurance pour accompagner les programmes de développement économique. Le secteur occupe une place stratégique dans le pays, même le Chef de l’Etat n’a pas manqué une occasion pour l’affirmer. Le secteur des assurances va aider le pays à diversifier son économie. Il va également accompagner la couverture des risques et permettre plus d’investissements.


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La rédaction
ARTICLE EXTRAIT DE OPTIMUM NUMERO 22
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