Après des années d’embellie, la RDC broie du noir économiquement. Le taux de croissance qui caracolait dans les 7% a chuté à 2,8%. Un verrou invisible semble bloquer tout décollage économique et social d’un pays pourtant doté de tous les atouts pour être une puissance économique régionale et même internationale.
Plusieurs remèdes concoctés par les gourous de Bretton Woods et autres bailleurs de fonds ont été administrés sans succès à ce géant endormi pour le sortir de sa torpeur économique: plans d’ajustements structurels jusqu’aux financements bilatéraux et multilatéraux, en passant par les dons, programmes d’aide au développement, etc.
Les partenariats public-privé, familièrement appelés PPP, seraient-ils une thérapie susceptible d’opérer le miracle congolais tant attendu et libérer ce potentiel scandaleux que l’on clame et proclame depuis l’avènement du pays à son indépendance politique il y a 57 ans ?
Il importe avant tout de circonscrire les PPP. L’expression remonte au début des années 1970 alors que les collectivités publiques des pays industrialisés font face à des difficultés budgétaires majeures. Les PPP apparaissent comment un sésame pour sortir de la crise. L’on ne s’accorde pas sur une définition commune du partenariat public-privé mais trois aspects reviennent souvent : le service recherché doit poursuivre une mission d’intérêt général, le transfert au secteur privé des tâches ou activités (également les risques) autrefois dévolues à l’État et une forme de contrat pour prendre en charge ce type d’opérations (concession, affermage, contrat de partenariat).
En RDC, dès 2008, plusieurs lois sur certaines formes de partenariat public-privé ont été promulguées. À défaut d’une loi spécifique aux PPP, le terme générique pour désigner ces partenariats en RDC est « Conventions de partenariats public-privé ». L’on y retrouve des entreprises comme l’Hôtel Karavia, Kempinski Hotel Fleuve Congo (Hôtel du Fleuve) , l’hôpital du Cinquantenire, la route Kinshasa-Matadi et la route Lubumbashi-Kasumbalesa.
Le projet de loi sur le PPP se trouve actuellement en phase d’examen à l’Assemblée nationale. Qu’est-ce que l’adoption de cette loi devrait changer ? Il y a d’abord l’instauration de véritables contrats de partenariat à côté des délégations de service comme le pays le pratique actuellement ; il y a ensuite le fait que l’initiative du PPP peut désormais venir du privé et la création d’un établissement public pour faire le conseil auprès des autorités contractantes. Et enfin, le plus grand changement sera l’instauration d’une procédure obligatoire plus rigoureuse pour éviter les négociations de gré à gré sans études préalables et qui se font souvent en défaveur de l’État congolais.
Mais au-delà de la loi, la réussite des PPP dépendra du climat des affaires qui est tributaire de l’environnement politique et économique. Si le cadre juridique est placé et les règles du jeu respectées, les PPP sont une des clefs pour débloquer notre potentiel économique et une opportunité de favoriser l’émergence d’entreprises congolaises solides en appliquant la préférence nationale dans l’octroi des contrats.