A 39 ans, Tidjane Dème, un jeune Sénégalais sorti de l’école Polytechnique de France, mûrit le rêve d’asseoir l’influence de Google partout en Afrique francophone. Après des brillantes études dans l’Hexagone et un travail de consultant dans le domaine de l’informatique et des télécommunications en France et aux Etats-Unis d’Amérique, Tidjane Dème est rentré dans son pays natal. Il avait quitté le Sénégal après avoir décroché son bac à Dakar.
Dès son retour, il a lancé sans succès plusieurs entreprises visant, notamment, à accompagner les PME pour mutualiser les ressources et leur permettre de bénéficier de nouvelles technologies. Mais son aventure avec Google remonte en 2008, raconte-t-il au cours d’une interview accordée à une presse étrangère.
Mon ambition est de travailler pour le développement d’internet et des nouvelles technologies dans la région. Et quand cette ambition rencontre l’intérêt de Google, alors je peux travailler pour cette société
Il y a sept ans, Tidjane Dème a rencontré pour la première fois les émissaires de Google. « Ils voulaient développer leurs activités en Afrique ». Au début, le projet est apparu irréaliste tant l’internet est très peu développé dans la région. Pourtant, en dépit de ses anciens échecs, il n’a pas
résisté à l’idée de se lancer à nouveau. « Ils m’ont convaincu de les rejoindre pour ouvrir le bureau au Sénégal et m’occuper de l’Afrique francophone ». Son choix plutôt que celui d’un expatrié descendu tout droit du pays de l’oncle Sam n’a pas été le fruit du hasard. En effet, plusieurs paramètres ont fait de lui l’homme de la situation. « J’ai fait mes études en Europe. J’ai travaillé en Europe et aux Etats-Unis. J’ai acquis des compétences dans le domaine de l’internet. Je suis venu au Sénégal, j’ai créé une société et j’ai travaillé dans l’environnement durant plusieurs années ».
Cette combinaison correspondait à coup sûr au profil de la perle rare qui pouvait développer les activités de Google dans la région. En effet, pour les responsables de Google, l’Afrique progresse et elle sera prête dans quelques années. « Google est une grande société qui fournit des services internet et qui génère des revenus avec de la publicité. C’est une société commerciale qui peut faire son activité quand internet est déjà développé ». Même si la réalité sur le terrain montre plutôt le contraire, la profonde mutation que connait la région permet malgré tout d’envisager une grande opportunité de business pour le géant américain. Au-delà, Tidjane Dème a la certitude de développer quelque chose de nouveau avec plus d’impact en Afrique francophone qu’en Europe. « Mon ambition est de travailler pour le développement d’internet et des nouvelles technologies dans la région. Et quand cette ambition rencontre l’intérêt de Google, alors je peux travailler pour cette société ».
DEVELOPPER INTERNET
La priorité des priorités était dès lors d’accélérer le développement d’internet dans la région en mettant sur pied une stratégie. Comme premier axe, il s’agit de développer l’accès à l’internet. Au-delà, l’autre axe important demeure l’accessibilité du prix de l’infrastructure, des terminaux et de la connectivité. Cela a abouti forcément à la signature des partenariats avec les opérateurs. Cependant, dans un premier temps, une idée a émergé. « Nous mettons des serveurs de cashes chez les opérateurs parce que nous nous sommes rendu compte que la bande passante internationale était un facteur de coût très important. Nous pouvons les aider en amenant des serveurs cashes à la région pour que le trafic Youtube ne leur coûte plus cher ». Comme l’explique Tidjane Dème, Google a une plate-forme formidable, Youtube, qui était déjà populaire au Sénégal mais les producteurs ne pouvaient pas encore la rentabiliser faute de bien la maîtriser. Pour les artistes sénégalais, Youtube leur apporte la visibilité de leurs clips, l’outil d’analyse du profil des internautes, la protection de leurs droits d’auteur et les revenus avec les vidéos.
il faut que les Africains produisent du contenu pertinent pour les Africains. Et nous avons décidé d’encourager ceux qui produisent du contenu intéressant, de grande qualité
Dans la pratique, l’apport de Youtube Sénégal est très important. En réalité, cette plate-forme vient offrir la possibilité d’avoir un contenu africain. « Nous voulons ouvrir cet écosystéme à tous les acteurs Sénégalais pour qu’ils viennent y mettre leurs contenus en ligne ». Cet aspect lié au contenu est capital pour Google. « Il faut que les Africains produisent du contenu pertinent pour les Africains. Et nous avons décidé d’encourager ceux qui produisent du contenu intéressant, de grande qualité ». Aujourd’hui, Tidjane Dème constate que les Américains s’intéressent de plus en plus aux startups qui voient le jour au Sénégal grâce à Google. Et il se félicite même d’avoir introduit chez Google l’idée de faire des interfaces SMS pour les produits africains. « En Afrique, tout le monde n’a pas encore internet, mais tout le monde a un téléphone portable pour envoyer des SMS ». Cette innovation est à classer à l’actif de l’équipe africaine de Google qui s’investit partout dans la région : Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, etc.
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